Le lien établi entre le climat scolaire et les apprentissages : troubles du comportement en milieu scolaire

sentiment de compétence

La littérature Nord-Américain nous montre la corrélation forte et les causalités établies, entre la qualité du climat scolaire (la manière dont les enfants se parlent entre eux, dont ils communiquent avec le professeur, le respect, la considération que l’enseignant porte envers ses élèves) et les apprentissages. Dans cet article nous reviendrons sur ce lien établi par la science.

Troubles du comportement en milieu scolaire

 

Conceptualiser une notion 

« La conceptualisation, comme processus de pensée, est une démarche où l’on chemine d’une notion à la construction intellectuelle de son concept » comme dirait Michel Tozzi. Ainsi par un raisonnement éclairé par la logique nous allons explorer le champ sémantique de plusieurs mots. Puis, par la définition des mots qui expriment une notion, nous allons élaborer des concepts. Donc la première étape est de conceptualiser des notions en les définissant avec un raisonnement éclairé le plus logique possible, il s’agit avec précision de « savoir de quoi on parle ». Explorer et voir si, à travers les différentes significations il n’y a pas une unité profonde, pour définir conceptuellement une notion. Les questions puis les problématiques émergeront.

La notion du trouble du comportement

Le trouble se différencie de la difficulté par le fait que celui-ci persiste sur le long terme nuisant au développement de l’élève. Il peut avoir pour conséquences un renfermement sur soi, des difficultés de concentration, de langage et d’élaboration de la pensée, un sentiment de persécution, une opposition quasi systématique à la loi, au cadre, une incapacité à gérer la frustration. Des manifestations pouvant altérées les compétences rationnelles et sociales et l’entrée dans les apprentissages. Une élève ne s’adaptant pas au rythme de la classe, d’où l’importance d’un cadre à l’équilibre et la nécessité de trouver le juste milieu entre fermeté (et non la dureté qui blesse autrui) émanant de la bienveillance qui doit toujours être présente, inconditionnellement et responsabilisation, sécurité. L’ouverture d’esprit est donc essentielle au vu qu’elle est constructive mais cette tolérance ne doit pas engendrer une attitude permissive, au regard de l’injustice, de la discrimination, de la violence… L’ouverture d’esprit va de pair avec un certain calme et permet d’accepter la réalité comme point de départ vers un changement désirable. 

La notion du comportement 

Si on définit la notion du comportement, qui par ailleurs, désigne toute réaction observable et mesurable chez un individu, c’est une interaction entre le sujet et son environnement. Le Pr Philippe Jeammet défini le trouble du comportement comme « une conduite adaptative liée à la peur. Quand on agit, on a moins peur. ». Les manifestations comportementales montrent plusieurs choses la peur de l’échec, d’apprendre, le manque de confiance en soi.  Les comportements sont, pour une grande majorité, appris et fonctionnels : au début, par observation en imitant le comportement des autres et par la suite, s’installant, grâce au renforcement créé par les conséquences qui ont suivi le comportement dans le passé (concept behaviorisme (Pavlov) opposé au socio constructivisme (Vigotsky), conflit socio-cognitif). 

Lien entre le trouble du comportement et les apprentissages 

Nous allons chercher à montrer le lien évident entre comportement (actions observables que font les gens), affect (sentiments, émotions) d’où le travail essentiel sur les émotions, et la cognition : les pensées, les croyances et les autres processus mentaux. Pour illustrer notre propos et le rendre le plus audible possible, nous allons partir de faits empiriques. Je vois un élève manifestant un comportement violent sur le plan physique, l’élève est en colère (émotion) je dois donc chercher le besoin qui est à l’origine de ce sentiment exprimé. Peut-être a-t-il besoin d’être écouté, peut-être pense-t-il que les autres sont contre lui et exprime un besoin d’appartenance au groupe (aspect cognitif). Tout ça s’appuie sur la science, en effet au regard des demandes sur le marché du travail, les compétences cognitives avancées et socio-comportementales telles que la persévérance, l’attention, la concentration, ne pas être victime d’auto-censure, coopérer, la perspective d’autrui, l’empathie sont de plus en plus recherchés qui a de plus des impacts directs sur l’estime de soi, la santé, … Or en général, en classe, on cherche à travailler uniquement sur le comportement de l’élève car c’est celui-ci qui pose problème à l’enseignant, pourtant, il est beaucoup plus facile d’agir sur le comportement que sur les pensées et les sentiments, nous vous renvoyons d’ailleurs aux recherches de Catherine Gueguen « Heureux d’apprendre à l’école ». Ainsi mettre l’accent sur le comportement ne signifie pas seulement d’agir sur ce que font les élèves mais également sur leurs affects et la cognition. Dans les fonctions du comportement se cachent une motivation à obtenir quelque chose : des objets, de l’attention, ou à éviter par exemple une tâche difficile qui se traduit en interne par la production d’hormones telles que les endorphines (hormones du bien-être) ou de la cortisol (hormone du stress). Exemples à l’appui. La réponse apportée demande de connaitre l’élève et peut ou doit être individualisé. Un comportement est dit efficace et est validé par le sujet quand celui-ci provoque une réaction d’autrui et qui est facile à mettre en place. Ainsi des problématiques émergent ; quelles solutions pouvons apportés d’un point de vue pédagogique ? Quand est-il considéré comme problématique ? Qu’est-ce qu’un comportement adapté par la société ? La fréquence ? La durée ? L’intensité ? Quels sont les antécédents (consigne implicite de l’enseignant, vers une pédagogie plus explicite pour éviter les sous-entendu, provocation, sentiment d’échec, punition, refus, injustice (on peut travailler là-dessus) ? Qu’est ce qui détermine le fait qu’un comportement se reproduira ? Pour répondre à ces questionnements, nous devons rappeler la psychologie et le développement de l’enfant, l’évolution psychologique de l’enfant en fonction de son âge (refaire cette diapo et l’afficher dans annexe). En fonction des tranches d’âge, il sera soit dans la représentation (2 ans), la symbolisation (2 à 7 ans), l’abstraction, la réflexivité et la pensée complexe. Au niveau communication, le message transmis et reçu l’est à 7% par les mots, 38% par la communication paraverbale et 55% par le non verbal où s’expriment notamment les sentiments (Albert Mehrabian). L’apprentissage est complexe et l’élève passera par différentes phases émotionnelles. L’erreur étant partie prenante de l’apprentissage, celle-ci peut perturber l’élève au niveau du comportement d’où la nécessité de comprendre les comportements avant d’agir : présentation de grille d’observation et collecte d’informations concrètes (que s’est-il passé avant, l’environnement, le contexte, …). Qu’est-ce que la personne veut nous dire à travers ce comportement, l’intensité, l’intervention, résultat, date, heure. Grille d’observation sur un comportement ciblé. La nécessité du travail sur la prévention en travaillant sur les antécédents, c’est-à-dire sur ce qui se passe avant et qui pourrait être à l’origine d’une situation problème : épreuves chronométrés, taquineries des camarades provoquant des refus ou de la violence, avec comme conséquence : détourner délibérement l’attention, avertissement par l’enseignant, retrait du groupe classe, discussion en tête à tête avec l’enseignant, notre attitude et nos postures doivent être exemplaires, la gestion du temps, la ritualisation, l’anticipation. La médiation en montrant l’égalité de la loi et l’équité de la règle par une séquence, apprendre le vivre ensemble et la nécessité de règles équitables. Puis des exemples concrets de situation de classe pour éclairer mon propos. La nécessité du travail sur les émotions, la  modification de l’espace de la classe, la mise en place d’un conseil coopératif tiré de la pédagogie Freinet, la modification des modalités de communication avec la mise en place d’un conseil de coopération (messages clairs rédigés par les élèves), la communication non violente de Marshall B Rosenberg permettant de développer l’empathie et les compétences socio-comportementales, mise en place d’ateliers philosophiques pour développer l’attention et la capacité d’écoute à l’autre, de développer l’esprit critique et d’apprendre à penser par soi-même et lutter contre le behaviorisme, la méditation, le théâtre notamment avec le jeu des trois figures de Serge Tisseron (compétences socio-comportementales) que l’on peut effectuer dès la maternelle, où les élèves doivent à tour de rôle se mettre dans le rôle d’un agresseur, d’une victime et d’un tiers (témoin).  L’apprentissages des habiletés sociales avec le théâtre des situations, sur les incivilités avec un débat autour d’une image, mise en scène de situation complexe (soutenir un camarade) les acteurs trouvent des arguments pour répondre, les spectateurs analysent le non verbal de la situation. Mis à disposition de nouveaux objets sensoriels comme des balles anti-stress, mise en place d’une réglette des émotions face à une colère, qui lui-même peut avoir construit, il pourra ainsi indiquer à l’enseignant son énervement et pourra alors aller dans un coin relaxant établi au préalable, pendant un temps donné (timer) temps de latence donnés à l’élève plus importants et plus fréquents, stratégies de relaxations, systèmes de jetons, tétra-aide, modifications des supports de travail, lieu, soupape avec médiateur, la considération de l’enseignant, l’approbation, de la reconnaisse, de l’attention par des encouragements, félicitations, remerciements mise en place de tutorats, attention plus importante portée à l’élève, retraits d’attention par rapport aux comportements ciblés. La nécessité d’un renforcement positif lorsque l’on souhaite la répétition d’un comportement ciblé et y portant attention permet de motiver l’élève à utiliser de nouvelles habiletés sociales, identifier ce qui renforce les comportements perturbateurs. Utiliser un système de renforcement des comportements positifs comme les récompenses peut aider à instaurer un climat de classe positive car elles ajoutent de l’intérêt et de la motivation aux routines de la classe, à réfléchir en équipe (motivation extrinsèque pour tendre vers la motivation intrinsèque). L’intervention peut être pour tous les élèves ou ciblés individuellement, définir les comportements attendus avec les élèves et les enseigner explicitement, les faire pratiquer, des actions à mettre en place et à éviter lors de l’utilisation d’un système de renforcement. Leur faire comprendre l’égalité face à la loi, l’équité face à la règle. On pourra également mettre en place un contrat avec l’élève. La mise en place d’un contrat doit être effectué en présence des parents et de l’élève. Cette réunion permettra de fixer des objectifs précis en classe. Il est important que les parents est un retour régulier de l’avancée du contrat.

trouble du comportement

En effet, le rôle parental est primordial au bon développement de l’enfant, il est nécessaire de les joindre absolument dans des projets, la préparation scolaire, la fonction éducative parentale, les interventions cognitivo-comportementales auprès des parents à risque : de nouveau la prévention. Pour valoriser l’élève au il est possible également de mettre également en place un cahier de défis. Celui-ci est alimenté régulièrement par l’enseignant. Les élèves, sur un temps d’autonomie, peuvent relever des défis dans l’ordre de leur choix. Il s’agit de défis personnalisés et adaptés à chaque élève. Les défis proposés sont en lien avec les notions abordées en classe. Ce cahier permet également de valider les acquisitions des élèves. Lorsqu’une notion est validée 3 fois, l’enseignant avec l’élève valide les acquis dans une grille collée à la fin du cahier, sous forme de ceintures de compétences. L’élève conscientise alors ses réussites et visualise les prochains objectifs à atteindre.  réponses précises pouvaient-ils apportés aux comportements problématiques d’un élève ciblé par exemple : Solène se promène lorsqu’elle chante… Solène reste à l’intérieur d’un périmètre délimité par un ruban posé au sol autour de son pupitre.  https://poleressourcespedagogiques.fr/gestion-du-comportement

En conclusion de cet article, nous résumerons notre propos en disant qu’une gestion de classe efficace est avant tout préventive, agir sur les antécédents permet de mieux agir sur le comportement. Ainsi la prévention par voix calme, établir des relations positives avec l’élève, création d’un environnement ordonné et prévisible, être cohérent, la nécessité d’un cadre, des consignes claires et simples, établir les règles clairement, afficher les horaires, proposer toujours quelque chose de prévisible, ne pas laisser les enfants dans le vide, organisation de l’espace classe, structuration de l’environnement, instaurer une relation positive, permet une meilleure gestion de classe.

Sources : Michel Tozzi  « penser par soi-même : Initiation à la philosophie », Broché, 2002 / Troubles du comportement en milieu scolaire, Bruno Egron, Stephane Sarazin, Edition Retz 2018 / Concevoir des formations pour aider les enseignants à faire réussir tous les élèves, centre Alain-Savary IFE, http://centre-alain-savary.ens-lyon.frf/CAS

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